Icône « Sainte Xénia »
Icône écrite et bénie à Montréal en 2020,
les Franciscains de l’Emmanuel.
Un peu d’histoire
La bienheureuse Xénia vécut au 18ème siècle. Épouse du colonel André Théodorovitch Petrov, chanteur à la cour de la tzarine Elisabeth, rien ne semblait la destiner à l’ascèse terrible de la folie pour le Christ. N’ayant pas eu d’enfants, elle aimait d’autant plus son époux, reportant sur lui l’amour qu’elle eût dispensé à ceux-ci. Au cours d’une réception au cours de laquelle il avait beaucoup bu, André Théodorovitch, pourtant jeune et en bonne santé, mourut soudain sans avoir eu le temps de se préparer spirituellement et sans avoir communié une ultime fois aux Saints Mystères du Christ. Xénia changea alors totalement. Elle se revêtit des habits de son mari et demanda que, désormais, on ne l’appelle plus qu’André Théodorovitch.
Réalisant la vanité des biens terrestres et le caractère très transitoire des joies de la vie ici-bas, elle se dépouilla de ce qu’elle avait. Sa famille, inquiète de son comportement, fit intervenir la justice pour l’empêcher de dispenser ce que possédait son époux, en l’accusant d’être folle. Après examen attentif et complet, il fut établi qu’elle était parfaitement saine d’esprit et pouvait donc disposer à sa guise de ses biens. Elle distribua donc ce qui lui resta aux pauvres, donna sa maison à une de ses amies nommée Parascève Antonovna.
Elle disparut huit années durant et on pense qu’elle se retira dans un couvent pour se préparer à sa nouvelle vie, sous la conduite d’un staretz. Elle avait vingt-six ans lorsqu’elle mourut au monde. Pendant quarante-cinq ans, jusques à sa mort à soixante-et-onze ans, elle fut la folle-en-Christ de Saint-Pétersbourg. Elle errait dans la ville, restant de préférence dans le pire des quartiers de la ville, appelé Peterbourskaya Storona. On la rencontrait souvent près de la paroisse de Saint Matthias où vivaient les citadins les plus démunis.
Cette femme habillée en homme, pieds nus le plus souvent, semblait n’être qu’une mendiante simple d’esprit pour la majorité des habitants du quartier. Pour les voyous des rues, cette pauvresse en haillons devint un objet de dérision et de moqueries. Comme elle supportait tout sans mot dire, un jour, ils s’enhardirent à lui lancer de la boue et des pierres. Elle courut vers eux, canne à la main et, surpris, les gens du quartier se mirent alors à la protéger et, depuis lors, elle n’eut plus jamais à supporter cette violence.
On commençait à voir d’un autre œil cette silhouette devenue familière. On comprit qu’elle était plus que cette folie apparente qui la faisait errer dans les rues en habits masculins, l’uniforme de son époux défunt, comme pour racheter la mort de celui-ci par son ascèse de dénuement. On l’invita, on tenta de lui donner de vêtements plus chauds pour résister aux durs hivers pétersbourgeois, mais rien n’y fit : elle refusa toujours les habits, n’acceptant que les petites pièces à l’effigie de saint Georges qu’elle redistribuait à ses pauvres !
Les gens remarquèrent que le fait de recevoir Xénia rétablissait la paix et l’harmonie dans les maisons, que les enfants qu’elle bénissait restaient sains et que les commerçants et les cochers qui lui avaient fait l’aumône avaient une journée prospère. Elle priait sans cesse et peut-être obtint-elle pour cela, en sus du don de guérison, celui de prophétie : souvent, elle disait des paroles sans logique apparente qui s’avéraient ensuite importantes pour ceux à qui elle les avait adressées.
La nuit, il fut observé qu’elle priait aussi, été comme hiver, dans un champ à l’écart de la ville. Elle y faisait aussi de grandes prosternations dans toutes les directions. Quelquefois, ses tâches nocturnes étaient différentes… Ainsi, quelques années avant sa mort, alors qu’une église était en construction au cimetière de Smolensk, les ouvriers remarquèrent que, tous les matins, il y avait des monceaux de briques qui avaient été portées au sommet des échafaudages pour faciliter le travail de ceux qui œuvraient à la construction. Intrigués par ce mystère renouvelé, ils postèrent l’un d’entre eux à l’affût et découvrirent que c’était la bienheureuse Xénia qui les aidait en secret !
Claude Lopez-Ginisty
d’après diverses sources hagiographiques
https://orthodoxologie.blogspot.com/2010/01/sainte-et-bienheureuse-xenia-de-saint.html
Prions avec Sainte Xénia pour les âmes qui meurent sans avoir eu le temps de se préparer et demandons son intercession pour le repos de leurs âmes comme elle a consacré toute sa vie à cette mission.