Jésus et les racines juives de l’Eucharistie
Dr. Brant Pitre
Ce soir, ce que j’aimerais faire, c’est de commencer notre exploration des racines juives de l’Eucharistie en vous posant une question. C’est une sorte d’énigme, une énigme historique que les érudits ont considérée pendant longtemps. L’énigme, le problème se présente comme suit: Comment se fait-il que les premiers chrétiens, la première génération de chrétiens, saint-Paul, saint-Pierre, saint-Jacques, saint-Jean, la très-sainte-Vierge-Marie. Comment se fait-il que ces premiers chrétiens, qui étaient tous des chrétiens juifs, d’accord, ils étaient tous juifs, comment en sont-ils venus à croire si rapidement et de façon universelle, à la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie? C’est la question que je vous pose ce soir. Et la raison qui en fait une énigme ou un casse-tête, c’est parce que, si vous connaissez quelque peu l’ancien judaïsme, vous saurez que dans les écritures juives que nous appelons l’Ancien-Testament, au Lévitique, il y a une interdiction qui est très proéminente et c’est la suivante: il était absolument interdit pour les Juifs dans l’Ancien-Testament de boire quoi? Du sang! C’est bien! Quelques-uns parmi vous le savaient. Ok. Le livre du Lévitique dit : vous ne devez boire le sang d’aucun animal, d’aucune créature. C’était considéré comme une abomination! C’était un tabou parmi le peuple juif.
LÉVITIQUE 17, 14
« CAR L’ÂME DE TOUTE CHAIR, C’EST SON SANG QUI EST EN ELLE. C’EST POURQUOI J’AI DIT AUX ENFANTS D’ISRAEL, VOUS NE MANGEREZ LE SANG D’AUCUNE CHAIR; CAR L’ÂME DE TOUTE CHAIR, C’EST SON SANG : QUI-CONQUE EN MANGERA SERA RETRANCHÉ. »
Et voilà qu’on trouve un rabbin, un érudit de la Loi, comme saint-Paul, qui écrit comme allant-de-soi dans sa première lettre aux Corinthiens, chapitre 10 : « Ne savez-vous pas que le Pain que nous rompons est une communion au Corps du Christ? Et la coupe de bénédiction que nous bénissons, n’est-elle pas une communion au Sang du Christ? » Comment se fait-il que saint-Paul soit passé de l’état de rabbin, Pharisien, Juif expert de la Loi, qui aurait considéré le fait de boire du sang, et encore bien moins du sang humain, comme une véritable abomination, à l’état d’Apôtre de Jésus qui proclamerait sans aucune hésitation que l’Eucharistie est réellement le Corps et le Sang de Jésus. Comment est-il passé de A à Z ? C’est une sorte d’énigme historique. Comment tous ces juifs du premier siècle en sont-ils venus à croire en l’Eucharistie, étant donné ce qu’ils ont reçu de leurs traditions, spécialement du livre du Lévitique?
Eh bien, ce que j’aimerais vous suggérer ce soir, c’est que c’est précisément leur foi juive, leurs traditions, leurs pratiques et leur croyances juives, qui ont posé les fondements pour leur croyance en la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie et que si vous comprenez ce à quoi le peuple juif s’attendait en fait de Messie, et ce que le peuple juif s’attendait à le voir faire, vous pouvez comprendre comment Paul est passé de A à Z et comment, une fois qu’il a réalisé que le Christ était le Messie, il a aussi été capable de réaliser que l’Eucharistie est vraiment le Corps, le Sang, l’Âme et la Divinité du Christ. Alors, c’est la question que j’aimerais que vous gardiez à l’esprit au cours de la conférence de ce soir.
Ce que nous allons regarder en particulier ce soir, ce sont trois images-clé des anciennes pratiques et croyances juives. Trois images-clé de la Bible juive qui viennent jeter une lumière sur le mystère de l’Eucharistie. Ce sont, numéro un : la Pâque juive. Numéro deux : Les croyances juives par rapport à la Manne venue du ciel. Et numéro trois: le mystérieux Pain de la Présence. Ça c’est mon préféré. Le mystérieux Pain de la Présence que les Juifs conservaient dans le Tabernacle de Moïse et plus tard dans le Temple de Salomon. Ce que nous verrons, c’est que quand on regarde les attentes ou les espérances des Juifs par rapport aux futures réalisations du Messie, associées à ces trois choses : La PÂQUE, la MANNE, et le PAIN de la PRÉSENCE, nous allons voir comment c’est leur foi juive qui les a menés à leur Foi Catholique en la présence réelle.
Alors, pour faire cela, nous devons retourner en arrière et étudier la foi juive et les anciennes croyances des Juifs à propos du Messie. Alors si vous regardez sur vos feuilles, la première section s’appelle La nouvelle Exode. Commençons par là. Pour comprendre les croyances chrétiennes juives en l’Eucharistie, nous devons d’abord comprendre les espoirs bien vivants chez les Juifs au premier siècle. Alors, si vous demandez à la plupart des chrétiens de nos jours ce à quoi le peuple juif, au premier siècle, au temps du Christ, s’attendait, ou ce qu’il attendait en ce qui a trait au Messie, vous allez probablement avoir des réponses comme celle-ci. C’est ce que la plupart des gens croient. Au premier siècle, au temps du Christ, les Juifs attendaient un Messie politique ou terrestre qui les libéreraient de l’Empire romain. Avez-vous déjà entendu cela? Ok. Quelques-uns l’ont entendu. C’est une idée très commune parmi les chrétiens d’aujourd’hui. Si vous connaissez un peu quelques chose à l’ancien judaïsme, vous savez probablement que la plupart des Juifs attendaient un Messie politique. C’est à moitié vrai. Il y avait bien quelques Juifs qui attendaient un Messie politique comme les Zélotes, qui attendaient une révolution militaire. Mais la plupart des Juifs ordinaires, des Juifs qui connaissaient l’Ancien-Testament, s’attendaient en fait à bien d’autres choses, à beaucoup plus.
Pour réduire leurs espoirs par rapport au Messie au plus court, à une chose principale, si on peut dire, je vous suggérerais que c’est ceci: Les Juifs du temps de Jésus attendait une nouvelle Exode! Une nouvelle Exode! Selon les prophètes de l’Ancien-Testament, Dieu, quand le Messie viendrait, sauverait son peuple à peu près de la même façon qu’il les avait sauvés au temps de Moïse et de l’Exode d’Égypte. Si vous lisez les prophètes de l’Ancien-Testament, Isaïe, Jérémie, Ézéchiel, tous les prophètes que nous connaissons et dont nous entendons parler à la Messe, ce que vous allez découvrir encore et encore, ils vont parler du fait que lorsque Dieu enverrait le Messie, il va répéter, recapituler les évènements de la première Exode d’Égypte. Alors, cette nouvelle ère, l’âge du salut par le Messie serait une nouvelle Exode!
J’aimerais énumérer quelques parallèles entre les deux Exodes pour jeter un peu de lumière là-dessus et vous donner plus de détails. Ok. Nous connaissons tous l’histoire de la première Exode d’Égypte. Au temps de l’Exode, les douze tribus d’Israël vivaient en esclavage sous le pouvoir de Pharaon et ils étaient oppressés par Pharaon et ses serviteurs. Alors, Dieu, pour sauver son peuple, envoya Charlton Heston! Non! Il envoie Moïse pour délivrer le peuple d’Israël de l’Égypte et de l’esclavage. Et voilà Moïse qui vient en Égypte et dit : Laissez mon peuple s’en aller, et il emmène le peuple d’Israël hors d’Égypte jusqu’à la maison, la Terre promise. À travers le désert, pendant quarante ans, jusqu’à la Terre promise. Ok. Cet évènement dans l’Histoire du salut, cet acte de délivrance pose les fondements pour ce que Dieu va faire au temps du Messie, selon les prophètes. Si on regarde de plus près, on peut voir que la première Exode d’Égypte avait certaines caractéristiques : Numéro un : il y avait la figure d’un libérateur, Moïse. Lors de la nouvelle Exode, Dieu enverrait un nouveau libérateur, le Messie, ce qui signifie, qui a reçu l’onction. Numéro deux : lors de la première Exode d’Égypte, l’ancienne Exode, les douze tribus d’Israël ont été délivrées de l’esclavage dans ces terres. Dans la nouvelle Exode, les prophètes ont prédit, ce ne serait pas seulement les Israélites mais aussi les Gentils qui seraient libérés, et pas seulement de l’esclavage, mais du péché, de l’exile loin de Dieu, et même de la mort elle-même. Numéro trois : Lors de la première Exode, une fois que les Israélites furent sortis d’Égypte, qu’ont-ils fait? Ils ont entrepris un long voyage de quarante ans à travers le désert jusqu’à la Terre promise. Lors de la nouvelle Exode, les prophètes ont prédit, les Israélites entreprendraient un nouveau voyage, vers une nouvelle Terre promise, qui est parfois appelée nouvel Éden, un nouveau paradis.
LE TABERNACLE DE MOÏSE
Numéro quatre : Lors de la première Exode d’Égypte, le culte rendu à Dieu était centralisé dans un endroit bien spécial, et cette place s’appelait : le Tabernacle. Le Tabernacle était une espèce de tente à piquets. C’était un temple portatif dans lequel les Israélites offriraient leurs sacrifices, et qu’ils transporterait avec eux tout au long de leur voyage à travers le désert. Vous vous rappelez le nuage de gloire qui descendait sur le Tabernacle chaque fois que le Seigneur était présent avec son peuple. C’était leur lieu de culte, c’était leur sanctuaire. Et plus tard, une fois rendus à la Terre promise, ils ont fait une fixture permanente avec le Temple de Jérusalem. Lors de la nouvelle Exode, les prophètes ont prédit, le culte rendu à Dieu aurait lieu dans un nouveau temple, un nouveau sanctuaire, qui serait beaucoup plus glorieux que le Tabernacle de Moïse, ou que le Temple de Salomon. Numéro cinq : Lors de la première Exode, la destination ultime n’était pas le mont Sinaï, où ils ont reçu les Dix Commandements. Parfois, on focus beaucoup sur le mont Sinaï. C’était une étape très importante, bien sûr, mais la destination ultime de la première Exode n’était pas seulement la Terre promise, c’était Jérusalem, la ville de Jérusalem. La montagne de Jérusalem. Ok. Lors de la nouvelle Exode, les prophètes ont prédit, le voyage prendrait fin dans une nouvelle Jérusalem, qui serait restaurée par Dieu, et ce qu’ Isaïe appelle un nouveau ciel et une nouvelle terre. Une nouvelle création. Alors, tous ces espoirs, ces caractéristiques, c’est ce que les Juifs attendaient au premier siècle. Ils attendaient une nouvelle Exode. S’ils connaissaient bien leur Bible, s’ils connaissaient bien leurs prophètes, ils attendaient que le Messie arrive et croyaient qu’il serait un nouveau Moïse qui inaugurerait cette nouvelle Exode de salut. Ainsi, avec cela en tête, retournons au premier siècle, au temps de Jésus. Imaginez-vous que vous êtes un de ces Juifs du premier siècle. Essayez de voir ce que fait Jésus et ce que dit Jésus avec des yeux juifs si on peut le dire ainsi.
UNE NOUVELLE PÂQUE
Si vous êtes pour avoir une nouvelle Exode, et vous pensez comme un Juif, que devrez-vous d’abord avoir? Comment est-ce que l’Exode d’Égypte avait été inaugurée, comment avait-elle commencé? Cela avait commencé avec la Pâque (Passover). Si vous êtes pour avoir une nouvelle Exode, vous devez d’abord avoir une nouvelle Pâque! Car si vous vous souvenez, les Israélites ne sont pas sortis tout bonnement d’Égypte, comme ça! Ils n’ont pas décidé tout simplement un bon matin de sortir d’Égypte. Ils ont été libérés de Pharaon à travers une série de plaies, les grenouilles, les sauterelles et d’autres plaies, dix en tout, qui ont culminé jusqu’à la plaie finale, qui fut celle qui les a libérés, et c’était la plaie de la Pâque. Quand la nuit fut venue, l’Ange de la mort, le Destructeur, est passé au-dessus des maisons des Israélites, puis a tué tous les premiers-nés des Égyptiens, et Pharaon a finalement laissé le peuple juif s’en aller. C’est ainsi que la première Exode a commencé. Alors devinez comment la seconde Exode commencera? Avec un évènement similaire, une nouvelle Pâque.
Alors, pour comprendre cet espoir pour une nouvelle Pâque, nous devons revenir en arrière et regarder comment s’était déroulée la première, dans l’Ancien-Testament et plus tard dans les traditions juives. Retournons à l’Ancien-Testament un instant, l’ancienne Pâque. Si vous voulez une description détaillée de l’ancienne Pâque dans l’Ancien-Testament, le meilleur endroit est dans le livre de l’Exode, chapitre douze. C’est là que l’on trouve tous les détails des règles de l’ancienne Pâque. C’est là qu’on trouve le récit de cette fameuse nuit. Ainsi, dans Exode chapitre douze, Dieu commande au peuple d’Israël d’accomplir certains rituels, certains rites bien précis afin qu’ils soient sauvés de l’Ange de la mort. Et ça dit ceci: premièrement, cette nuit-là, chaque père de famille agirait en tant que prêtre. Il agirait en prêtre en offrant un sacrifice. Il devra choisir un agneau (mâle) d’un an sans aucun défaut, le tuer, lui trancher la gorge et verser son sang dans un bassin en tant qu’offrande pour le sacrifice. Puis, le père était supposé de prendre une branche d’hysope, la tremper dans le sang de l’agneau, et répandre ce sang sur les montants de la porte et le linteau de la maison, en signe de l’Alliance entre Israël et Dieu, en tant que signe pour l’Ange Destructeur de passer au-dessus de la maison et sauver ainsi le fils premier-né.
Finalement, quand ce sacrifice serait terminé, et c’est très important, à la fin du rituel, la famille était supposée de se réunir autour de la table et manger la chair de l’agneau. Ils étaient supposés de manger la chair de l’agneau. C’était le point culminant du repas de la Pâque. C’était le point culminant du sacrifice de la Pâque. C’était son climax. Et c’était essentiel que vous fassiez ceci. Vous n’aviez pas le choix, que vous aimiez la chair d’agneau ou non. Par exemple, si votre famille s’adonnait à ne pas aimer manger du mouton, et que vous décidiez de ne pas manger l’agneau cette nuit-là, vous ne feriez que le tuer, verser son sang, le répandre sur les montants de la porte et le linteau de la maison, puis aller au lit pour la nuit. Eh bien, qu’est-ce qui se serait produit alors? Au matin, à votre réveil, votre fils premier-né serait mort. Votre premier-né serait mort. C’est très important. C’est très important pour nous de voir que le point culminant du sacrifice de la Pâque ne se terminait pas à la mort de l’agneau, mais cela se terminait en mangeant la chair de l’agneau. Voilà l’ancienne Pâque dans l’Ancien-Testament.
Maintenant. Au fil des siècles, le rituel de la Pâque dans les traditions juives – il n’y avait pas seulement les Écritures juives mais aussi des traditions tout comme nous Catholiques avons des Écritures et la Tradition – s’est développé, on y a rajouté quelques rites. Ainsi, pour faire en sorte que nous comprenions comment la Pâque juive se célébrait au temps de Jésus, on doit considérer les traditions juives. Et dans les Pâques subséquentes à la première nuit de l’Exode que célébraient les Juifs, il y a eu quelques ajouts à leur rituel. Le soir de la Pâque, un enfant devait poser quelques questions au père alors que se déroulait le rituel. L’enfant dirait des choses comme celles-ci à son père : Père! Pourquoi cette nuit est-elle différente de toutes les autres nuits? Et pourquoi mangeons-nous des pains sans levain et de la chair d’agneau rôti au cours de cette nuit? Et alors le père répondrait à son fils en citant ces mots, et il devait les citer exactement comme suit. Le père dirait à l’enfant et je cite Exode 13,8 : « C’est à cause de ce que le Seigneur a fait pour MOI quand il m’a fait sortir d’Égypte. » C’est très significatif! Parce que cela importait peu aux Juifs le nombre de siècles qui les séparaient de cette première nuit de la Pâque. Vous pouviez avoir des centaines et des centaines d’années qui se sont écoulées entre cette Pâque que vous célébriez et la nuit de la première Pâque qui a inauguré l’Exode, de toutes façons, chaque père de famille devait dire précisément : C’est à cause de que le Seigneur a fait pour moi quand il m’a fait sortir d’Égypte.
Parce qu’ils voyaient le repas et la liturgie de la Pâque qu’ils célébraient comme étant rien de moins qu’un acte de participation à cette fameuse première nuit de l’Exode! C’était une sorte de participation spirituelle à la première nuit de l’Exode! Vous pouvez voir ceci dans la Mishnah, qui est une collection d’anciennes traditions juives rassemblées par les rabbins au temps de Jésus. Dans la Mishnah, vous avez cette citation au milieu de la feuille que je vous ai remise. La Mishnah (Pesahim 10) enseigne : « Dans chaque génération, un homme doit se considérer comme ayant été lui-même libéré de l’Égypte. Car il est écrit (Exode 13,8 – C’est à cause de ce que le Seigneur a fait pour moi quand il m’a fait sortir d’Égypte – alors, continuons de rendre grâces. » Vous voyez? L’acte de délivrance que Dieu a opéré au temps de Moïse était une chose à laquelle tous les Juifs étaient capables de participer spirituellement en célébrant le festin de la Pâque, en perpétuant le rituel, en mangeant la chair de l’agneau. En d’autres mots, cela transcendait le temps et l’espace.
JÉSUS ENTRE EN SCÈNE
Maintenant. Avec tout ça en tête, après avoir suivi un petit cours sur les traditions et rituels des Juifs et posé ces fondements, regardons maintenant à la vie du Christ. Voilà Jésus qui entre en scène et commence son ministère public. Et vous êtes un juif de son époque, et vous attendez une nouvelle Exode, vous attendez un nouveau Moïse qui doit venir. Vous vous attendez à ce que Dieu fasse à nouveau ce qu’il a fait il y a des siècles et des siècles passés au temps de Moïse. Et que fait Jésus au tout début de son ministère public? Plusieurs des signes qu’il accomplissait et de ses actions pointaient vers l’Exode. Prenez par exemple son tout premier signe : Il descend dans les eaux du Jourdain, il est baptisé par Jean dans le Jourdain, puis il sort de l’eau et entre dans la terre promise. Maintenant, laissez-moi vous poser une question : Quand, la dernière fois, quelqu’un a-t-il traversé le Jourdain et entré dans la Terre promise à un moment significatif ? C’est quand Josué et les douze tribus d’Israël ont complété leur Exode de l’Égypte! C’est vrai! Quand ils ont passé à travers les eaux du Jourdain, c’était la fin de l’Exode. C’est là que la manne a cessé de tomber du ciel et qu’ils sont entrés à la maison, dans la terre promise. Les eaux se sont séparées, les prêtres ont traversé la rivière Jourdain à pieds secs, nous est-il dit. Quand les pieds des prêtres ont touché à l’eau, les eaux se sont séparées et ils sont entrés chez eux dans la Terre promise. Quand Jésus descend dans les eaux du baptême, qu’est-ce qui s’est séparé? Non pas l’eau, mais les cieux, qui se sont entrouverts! Parce que vous savez où mène cette nouvelle Exode? Non pas à une destination terrestre promise mais bien au ciel, à la Jérusalem céleste.
Puis quand Jésus arrive en Galilée, qu’est-ce qu’il fait? Il réunit douze Apôtres pour représenter les douze tribus d’Israël. Il va restaurer le peuple d’Israël. Puis il s’en va dans le désert et réunit des milliers de personnes et il les nourrit avec quoi? Du pain! Du pain miraculeux! Quand avons-nous vu cela la dernière fois? Quand Moïse obtînt un pain miraculeux pour les Israélites dans le désert. Ainsi, plusieurs actions de Jésus pointe vers le fait que, enfin, qu’est-ce qu’il veut dire essentiellement au peuple juif ? Je suis le nouveau Moïse et le temps de la nouvelle Exode est arrivé. Maintenant. Il n’y a pas de signe qu’il opère qui fait cela plus clairement que ses actions finales de son ministère public qui est la dernière Cène. Si vous êtes pour avoir une nouvelle Exode, que devez-vous d’abord avoir? Une nouvelle Pâque.
LA DERNIÈRE CÈNE
Ainsi, le soir de son dernier repas, de la dernière Cène, Jésus institue la nouvelle Pâque de la nouvelle Exode. Regardons cela de plus près. D’un côté, le dernier repas de Jésus était une Pâque juive ordinaire. Il a suivi toutes les règles de base, tous les règlements des coutumes juives. Vous vous rappelez quand les apôtres lui ont demandé : Seigneur, où devons-nous aller pour préparer la Pâque que nous allons manger ce soir?
D’un autre côté, vu d’un autre angle, la dernière Cène est très différente! Ce n’est pas seulement une Pâque juive ordinaire mais quelques chose de plus. Il y a des différences que Jésus introduit dans le rituel qui aurait été frappant pour n’importe quel Juif présent. Premièrement : Si on considère les paroles de Jésus lors de la dernière Cène, l’agneau sur la table n’est pas le point central du tout! Jésus ne parle pas du tout de l’agneau pascal qui est sur la table.
Numéro deux : Vous remarquerez que Jésus parle de son sang qui sera versé pour le pardon des péchés. Et il commande aux Apôtres de faire cela en mémoire de Lui. Un fait très important ici : N’importe quel Juif du premier siècle aurait su que les seuls personnes autorisées à faire verser le sang était un prêtre validement ordonné (Lévitique 4,7). Seuls les prêtres dans le Temple pouvaient faire verser le sang des sacrifices. Alors, qu’est-ce qui se passe ici? Jésus transforme l’ancienne Pâque, il reconfigure la Pâque juive ordinaire autour de sa propre souffrance, et de sa propre mort. Et il transforme l’ancienne Pâque en une nouvelle. Et il y a au moins trois éléments-clé à cette nouvelle Pâque. Numéro un : il y a de nouveaux prêtres. Qui sont ces nouveaux prêtres? Jésus et les douze Apôtres. C’est très important pour nous, les Catholiques, de comprendre cela. Même si le mot prêtre n’apparaît pas dans le récit de la dernière Cène, ce n’était pas nécessaire! Parce que tout Juif du temps de Jésus aurait parfaitement su que seul un prêtre peut faire couler ou verser du sang.
Deuxièmement : il y a aussi un nouvel agneau. Jésus remplace le sacrifice de l’agneau de l’ancienne Pâque par son propre sacrifice, le sacrifice de lui-même. Il va s’offrir lui-même pour le pardon des péchés et pour notre délivrance de la mort. Numéro trois : le dernier et non le moindre : il y a maintenant un tout nouveau sacrifice. Le nouveau sacrifice, dorénavant, sera constitué de pain sans levain et de vin. Le Corps et le Sang du Christ donné à nous sous les apparences du pain et du vin. Ainsi, nous avons de nouveaux prêtres, un nouvel Agneau, un nouveau sacrifice et c’est une nouvelle Pâque pour inaugurer la nouvelle Exode.
Et tout ça nous ramène à notre question du début : Pourquoi les premiers chrétiens juifs croyaient-ils en la présence réelle de Jésus dans l’Eucharistie? C’est très simple. C’est parce qu’ils savaient très bien que l’Eucharistie n’était rien de moins qu’une nouvelle Pâque! Et logiquement, plusieurs choses en découlent. Numéro un : Cela signifie que l’Eucharistie, comme chacune des anciennes Pâques subséquentes à la première de la nuit de l’Exode, est une participation à la dernière Cène, à la nouvelle Pâque de Jésus. En d’autres mots, de la même manière que les célébrations de la Pâque de l’ancienne Alliance étaient une participation spirituelle à cette première nuit de l’Exode d’Égypte, les Chrétiens aussi reconnaissaient que les Eucharisties que l’on célébrait, peu importe combien de temps s’était écoulé depuis la dernière Cène dans la Chambre Haute, rendait présent à nouveau le seul et unique sacrifice de Jésus sur le Calvaire.
Cela signifie qu’à chaque Messe, nous sommes transportés là, à cette nuit où Jésus s’est offert lui-même, sous les apparences du Pain et du Vin, aux Apôtres dans la Chambre Haute. Et nous sommes transportés là, avec Lui, sur le Calvaire, là où l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde est mort pour notre salut. Deuxième point qui s’en suit : Si l’Eucharistie est la nouvelle Pâque, et c’est la chose la plus importance que j’aimerais que vous vous rappeliez après la conférence de ce soir. Même si vous oubliez presque tout le reste, au moins souvenez-vous de ceci : si l’Eucharistie est vraiment la nouvelle Pâque de la nouvelle Exode, devinez quoi? Vous devez manger l’Agneau! Vous devez manger l’Agneau! Vous ne pouvez pas manger seulement un symbole de l’agneau, vous ne pouvez pas seulement vous souvenir de l’agneau, vous devez manger la chair de l’Agneau pour que la nouvelle Pâque soit complète! Parce que la Pâque ne se termine pas à la mort de l’agneau, elle est complète quand le peuple pour qui l’Agneau est mort reçoivent sa chair qui a été offerte en leur nom! Ainsi, vous devez manger l’Agneau. C’est pourquoi nous, les Catholiques, ne croyons pas que l’Eucharistie n’est qu’un symbole de l’Agneau. C’est vraiment le Corps et le Sang de l’Agneau de Dieu.
Et si vous avez quelque doute à propos de ça, regardez ce que Paul nous dit: Jésus est le nouvel Agneau. Parlant de l’Eucharistie, Paul, un Juif expert de la Loi, nous dit ceci dans 1 Corinthiens 5,7 et je cite : « Christ, notre Agneau pascal a été immolé. Célébrons donc la fête. » De quelle fête Paul parle-t-il? La Pâque de l’ancienne Alliance? Non! Il parle de la nouvelle Pâque de l’Eucharistie.
LE MIRACLE DE LA MANNE
Ok. Regardons maintenant notre deuxième image de l’Ancien-Testament et commençons avec une nouvelle question. Si Jésus est réellement le Messie, et qu’il va inaugurer une nouvelle Exode, alors, dites-moi quel est la nourriture qu’il va nous fournir pour le voyage vers la nouvelle Terre promise? Parce que si vous vous rappelez, dans l’ancienne Exode d’Égypte, Dieu a nourri son peuple alors qu’il était dans le désert. C’est évidemment la fameuse et miraculeuse manne venue du ciel. Si vous voulez une description détaillée de tout ça, allez voir dans le livre de l’Exode, chapitre 16, c’est là que le miracle de la manne est décrit.
Pour notre utilité ce soir, je vais faire ressortir quelques points clé sur la manne qu’il est bon pour nous de se rappeler. Ok? Regardons ce qui arrive. Dans Exode chapitre 15, juste avant ce chapitre, Dieu a libéré son peuple de l’esclavage en Égypte, en le délivrant de Pharaon et les fit passer à travers les eaux de la mer Rouge. Vous vous souvenez de tout ça, vous avez tous vu le film les Dix Commandements, cette scène époustouflante où les eaux de la mer Rouge se séparent et que le peuple d’Israël traverse à pieds secs, et puis Pharaon et ses chariots qui sont engloutis par les eaux de la mer Rouge. Ça c’est le chapitre 15. Et les Israélites se réjouissent, Myriam chante son chant, Moïse chante son chant, tout n’est que joie et rêverie et reconnaissance envers Dieu pour les avoir délivrés. Et soudain, au tout début du chapitre 16, verset 1 et suivants, à peine ont-ils été délivrés de l’Égypte et de l’emprise de Pharaon, que commencent-ils à faire? À se plaindre! C’est ça. Ils ont commencé à se plaindre.
Une chance que nous ne sommes pas comme ça! C’est une bonne chose que nous ne soyons pas comme ces Israélites, ça n’est jamais arrivé à personne ici! Que Dieu vous ai béni, ou a même opéré un miracle dans votre vie ou dans la vie de quelqu’un que vous aimez, et aussitôt après, que commencez-vous à faire? Recommencer a vous plaindre à cause de tel ou tel problème que vous avez. En fait, tout ce que font les Israélites est une sorte de miroir de nos propres cœurs et notre propre cheminement spirituel. Et c’est un des problèmes que nous avons dans la vie spirituelle. Ainsi, Israël commence à crier pour avoir de la nourriture parce qu’ils ont faim. Et ils disent à Moïse : « Moïse, tu ne nous as pas amenés ici dans ce désert pour nous sauver! Tu nous as amenés ici pour nous tuer! Pour nous faire mourir de faim! En Égypte, nous mangions de la viande jusqu’à satiété. Nos ventres étaient remplis. Nous avions peut-être des coups de fouet sur le dos, mais nos ventres étaient pleins. Alors ce qu’ils voudraient faire, c’est qu’ils voudraient retourner en Égypte. Et encore, c’est une tentation dans la vie spirituelle, de regarder nos anciennes vies de péché avant d’avoir tourné nos cœurs vers Dieu et réellement commencé une vie chrétienne, puis de regarder à nos vies de péché et trouver ça attrayant, attirant, du moins plus facile à vivre! Parfois, l’Égypte peut nous sembler plus facile que de se retrouver dans le désert, car c’est ce que la vie spirituelle peut nous apporter parfois.
Ainsi, ils sont tentés de retourner en Égypte. Dieu les a sortis d’Égypte, mais l’Égypte n’est pas encore sortie d’eux. Alors, ils crient pour de la nourriture. Ils veulent à manger. Aussi, le Seigneur, au lieu de les punir, leur fait un cadeau. Le Seigneur leur dit : « Voici. Je vais faire pleuvoir du pain du haut du ciel pour vous. » Et il opère le miracle de la Manne. Maintenant. Un aspect de la manne, et c’est très important pour nous de le reconnaître, c’est que c’était un double-miracle. Si on regarde bien, d’une part, le matin, Dieu opérait un miracle. Il donnait au peuple du pain du haut du ciel, de la manne. Mais nous oublions souvent qu’il opérait un deuxième miracle à tous les soirs. Il leur donnait je cite : De la chair du haut du ciel, quand il leur envoyait les cailles pour nourrir le peuple d’Israël à chaque soir. Dans Exode 16,8 : « Le Seigneur vous donne dans la soirée de la chair à manger et le matin du pain à satiété. » Ainsi, c’était un double-miracle dans Exode chapitre 16. Du pain venu du ciel, et de la chair venue du ciel. N’est-ce pas intéressant? Du pain venu du ciel, et de la chair venue du ciel. Vous pouvez déjà voir comment les mystères du Nouveau-Testament sont cachés, dissimulés dans l’Ancien-Testament, et ils n’attendent que l’Eucharistie pour se dévoiler.
Un autre aspect de la manne. Le livre de l’Exode chapitre 16 nous dit que c’était une substance blanche et qui goûtait comme de la gaufre fait avec du miel. Intéressant, non? De la gaufre! Faite avec du miel! Ok. La gaufre vous fait sûrement penser à l’Eucharistie. Mais qu’en est-il du miel? Pourquoi cette manne goûtait-elle le miel? Eh bien! Mettez tout ça dans son contexte. Vers où les Israélites cheminent-ils? Où est-ce que Dieu a promis de les conduire? À une terre où coule le lait et le miel. Vous voyez, vous aussi, Catholiques, vous connaissez votre Bible! Tout le monde dit que les Catholiques ne mémorisent rien! Vous devez mémoriser ces choses. Une terre où coule le lait et le miel. Vous voyez : Ce que la manne est, c’est très important, c’est un avant-goût de la Terre promise. C’est un avant-goût de la Terre promise. C’est un gage pour le peuple d’Israël. Qu’est-ce que Dieu leur dit? Ce que Dieu leur dit, c’est : « Faites-moi confiance pour subvenir à vos besoins. Ayez confiance en moi! Je sais que vous êtes dans le désert présentement. Je sais que vous êtes mis à l’épreuve présentement. Je sais que vous souffrez présentement. Mais la manne que je vous donnerai est un gage de ma part que je vais vous conduire à la maison, un jour, à la Terre promise, la terre que j’ai promise à Abraham, Isaac et Jacob. Et la manne est un petit avant-goût de cette promesse.
Et les Israélites ont reconnu que c’était spécial. Ils ont réalisé que la manne n’était pas du pain ordinaire. En fait, il l’appelait le Grain du Ciel et le Pain des Anges. Vous les Catholiques, vous avez tous connu le chant Panis Angelicus. Le Pain des Anges, psaume 78, verse 21. En d’autres mots, ce n’était pas du pain ordinaire! C’était du pain miraculeux! C’est du pain surnaturel venu du ciel! En fait, c’est pour cela que c’était appelé Manne. En hébreux, le mot pour « qu’est-ce que c’est? » est Man Hou. Man Hou! Alors, littéralement, le nom de ce pain était « qu’est-ce que c’est? » Qu’est-ce que c’est ça? Qu’est-ce que ce pain? Ils ne savaient pas ce que c’était, ils n’avaient jamais rien vu de pareil! Maintenant, mes frères et sœurs, cette question se répercute de siècle en siècle jusqu’à nos jours, jusqu’à nous!
Qu’est-ce que c’est? Qu’est-ce que ce pain? Qu’est-ce que c’est? Est-ce ordinaire, ou extraordinaire? Est-ce naturel ou surnaturel? Est-ce terrestre ou céleste? Les Juifs connaissaient la réponse : Ils disaient, c’est céleste, c’est surnaturel, c’est miraculeux! Et c’est seulement l’ancienne manne! Alors, que faisaient-ils avec cette manne? Ils faisaient quelque chose d’un peu bizarre. En plus d’en manger chaque jour, ils prenaient de la manne et en mettaient dans une urne en or et il plaçaient cette urne, entre tous les endroits possibles, dans leur tabernacle (Exodus 16,33). Est-ce que ça vous parle, les Catholiques? Alors, quand les gens nous demandent : Pourquoi vous les Catholiques vous faites ces choses bizarres, pourquoi êtes-vous si excités par rapport à l’Eucharistie au point que vous en mettez dans une urne en or et le placez dans un tabernacle en or? Pourquoi faisons-nous cela?
Ça vient du judaïsme! Ça vient de l’Ancien-Testament! C’est parce que c’est ça qu’on fait avec du pain céleste! On ne le traite pas n’importe comment comme si c’était du vulgaire pain ordinaire! On le traite comme étant extraordinaire. Alors, les Juifs plaçaient la manne dans le tabernacle en tant qu’un rappel de l’amour de Dieu pour eux, en tant que souvenir de sa présence avec son peuple.
Continuons. Au fil des siècles, les traditions juives se développent comme elles l’ont toujours fait. Et il y a une tradition par rapport à la manne que je voudrais vous faire connaître et que le peuple du temps de Jésus connaissait certainement. La manne n’était pas seulement une chose à laquelle les Juifs pensaient quand ils regardaient le passé mais bel et bien aussi quand ils pensaient à l’avenir, au futur. Au temps du Christ, il y avait une attente qui avait prise de l’importance dans la tradition que, quand le Messie viendrait, parce qu’il serait un nouveau Moïse, une des choses qu’il ferait serait de faire, de ramener le miracle de la manne venue du ciel. Regardons ce passage ici pris dans 2 Baruch 29,38 qui n’est pas dans la Bible, mais qui vient des anciens écrits juifs du temps de Jésus, et ça décrit qu’est-ce qui devait se produire au temps du Messie. Ça dit que le Messie ramènerait la manne venue du ciel. « Et il arrivera que le Messie commencera à être révélé. Et ceux qui ont faim vont se réjouir et vont, de plus, voir des merveilles à chaque jour. Et il arrivera à cette époque que le trésor de la manne viendra à nouveau du ciel, et ils vont en manger pendant ces années-là car ces gens sont parvenues à la consommation des temps. »
Zut alors! C’est de valeur que cette prophétie n’aie pas été réalisée! Nous ne voyons pas de miracles chaque jour, nous, les Catholiques? Eh bien, vous en voyez si vous allez à la Messe chaque jour! Vous voyez le miracle de l’Eucharistie. Le prêtre prononce les paroles de la consécration et l’Esprit-Saint transforme le Pain et le Vin au Corps, Sang, Âme et Divinité du Christ! C’est le plus grand miracle qui peut se produire dans l’univers! Et chacun de nous Catholiques avons le privilège d’en être les témoins chaque jour. Alors, c’est ça que les Juifs attendaient, la nouvelle manne. Parce que si vous vous rappelez, le miracle de la manne n’a duré que le temps de l’Exode, le temps de leur cheminement dans le désert, du temps où ils sont sortis d’Égypte au temps où ils sont entrés dans la Terre promise. Alors, les Juifs du temps de Jésus s’attendaient à ce que le Messie ramène ce miracle de la manne. Maintenant, Jésus entre en scène et son ministère public commence. A-t-il déjà mentionné l’espoir des juifs pour la nouvelle manne venue du ciel? Oui! Deux fois! Dans le Notre Père et dans son fameux sermon dans la synagogue de Capharnaüm appelé le discours sur le Pain de Vie, Jean chapitre 6, un des chapitres les plus importants dans la Bible sur l’Eucharistie. Alors voir de plus près ces deux occasions où Jésus en parle.
LE NOTRE PÈRE
Nous connaissons tous le Notre Père. Combien de fois pensez-vous avoir prié le Notre Père au cours de votre vie? Je vois des cheveux blancs, il y en a qui ont 50, 60 ans et plus. Combien de fois pensez-vous avoir prié le Notre Père au cours de votre vie? Des milliers et des milliers de fois. Vous êtes-vous arrêtés vraiment aux demandes que vous faites dans cette prière? Qu’est-ce que chaque demande signifie réellement? Et particulièrement, qu’est-ce que ça veut dire : Donnez-nous aujourd’hui notre pain quotidien? Pour quoi prions nous ainsi? Évidemment, à un certain niveau, au niveau personnel et spirituel, on demande au Seigneur de nous fournir tout ce dont nous avons besoin, de prendre soin de nous en tant que notre Père céleste.
Mais dans un ancien contexte juif, il y a quelque chose de plus ici, dans cette prière. Quelque chose comme enfoui dans cette prière, un mystère. Si nous regardons le Notre Père dans la langue originale, le grec, nous découvrons quelque chose de très intéressant. Même si la transcription anglaise est : Donnez-nous aujourd’hui notre pain quotidien, le mot grec précis est le mot Épiousios. Épiousios. C’est un mot très mystérieux parce qu’on ne le trouve qu’une seule fois dans toute l’ancienne littérature du monde grec et c’est juste ici, dans le Notre Père. Mais si vous divisez ce mot en ses deux racines, vous trouvez quelque chose de très intéressant. La première partie du mot ÉPI en grec veut dire dessus, par-dessus, au-dessus. Et la deuxième partie OUSIOS veut dire substance, être, ou nature. Alors si vous mettez ces deux parties l’une à côté de l’autre, vous n’avez pas besoin de connaître le grec pour voir que quand ils sont combinés, vous trouvez ce que saint-Jérôme nous a donné dans la Vulgate en latin. Donnez-nous aujourd’hui notre pain super-substantiel. Cela ne sonne-t-il pas un peu familier pour vous, les Catholiques? Super-Substantiel! Super-Substantiel! Quel mot vous vient à l’esprit? Transsubstantiation! Transsubstantiation! Le mot que nous utilisons pour le miracle de la transformation du pain et du vin au Corps et au Sang de Jésus. Et d’où prenons-nous cela? Des Écritures! On prend ça du Notre Père lui-même! Une translation un peu plus exacte pourrait être donnez-nous aujourd’hui notre pain surnaturel.
Maintenant. Si vous êtes un Juif du premier siècle, et que vous êtes comme beaucoup des disciples de Jésus, et qu’il vous apprend à prier la prière donnez-nous aujourd’hui notre pain surnaturel, quelle est la première chose qui vous viendra à l’esprit? Quelle sorte de pain est aussi bien quotidien que surnaturel? Autant quotidien que céleste, non de ce monde? C’est la manne! La manne! Alors, cette demande dans le Notre Père n’est pas seulement une prière pour nos besoins terrestres, mais une prière pour nos besoins célestes, pour nos besoins spirituels, une prière pour l’Eucharistie. Le Christ nous apprend à demander au Père donne-nous aujourd’hui la nouvelle manne du Messie.
Jamais je n’oublierai quand je vivais à South Bend, étudiant à l’université Notre-Dame, faisant mon doctorat, et que je lisais le Nouveau-Testament en grec et que je traduisais le Notre-Père. Et je suis tombé sur ce mot-là, epiousios. Et quand je l’ai vu, j’étais stupéfait parce que je croyais que le mot serait hemera qui est le mot grec pour jour, quotidien. Alors, je me suis gratté la tête, qu’est-ce que ce mot, epiousios? Alors, j’ai pris mes dictionnaires, fait quelques recherches, divisé le mot en deux racines, et j’en suis venu à la conclusion, que je ne pouvais trouver dans aucune traduction, que ça devait vouloir dire pain super-substantiel! Oh mon Dieu! Mais c’est une découverte! Je vais être encensé, avoir une promotion, professeur, je serai célèbre, je publierai des articles et je vais montrer à tous cette incroyable découverte dans le Notre Père. Quand tout à coup, un jour que j’étais en train de lire dans le Catéchisme de l’Église Catholique, j’étais là en train de lire et je lisais la section sur le Notre Père. Et j’ai découvert que le Catéchisme avait un commentaire sur le Notre-Père, plus précisément sur Donnez-nous aujourd’hui notre pain quotidien. Paragraphe 2837 et je cite : « Pris littéralement, épiousios, super-essentiel, ou dans la traduction latine super-substantiel, réfère directement au Pain de Vie, au Corps du Christ. » Ainsi, ce que je croyais être une grande découverte était juste là, dans le Catéchisme de l’Église Catholique. C’est tout simplement l’enseignement de l’Église que cette ligne du Notre Père a rapport à l’Eucharistie.
C’est à propos de la nouvelle manne venue du ciel. Et maintenant, regardons la seconde fois où Jésus parle de la manne est dans son discours sur le Pain de Vie. Pour notre utilité ce soir, j’aimerais que nous concentrions toute notre attention sur la manne, et comment Jésus utilise la manne pour enseigner sa présence réelle. Voici les paroles de Jésus alors qu’il parle dans la synagogue quand il a donné le discours sur le Pain de Vie. Il a dit aux Juifs ceci : « Je suis le Pain de Vie. Vos pères ont mangé la manne dans le désert, et ils sont morts. C’est le Pain qui descend du ciel afin que l’homme en mange et ne meurt pas. Je suis le Pain vivant qui vient du ciel. Si quelqu’un mange de ce Pain, il vivra pour toujours et le Pain que je donnerai pour la vie du monde est ma chair. »
Alors les Juifs se disaient entre eux : comment cet homme peut-il nous donner sa chair à manger? Et c’est une bonne question! Comment cet homme peut-il nous donner sa chair à manger? C’est une bonne question, et ça demande une bonne réponse. Alors, que dit Jésus? En vérité, en vérité, je vous le dis, je ne faisais que parler en métaphores! Non! Il doit y avoir un tache dans mes lunettes! « En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme et ne buvez son sang, vous n’aurez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle, et moi je le ressusciterai au dernier jour. Car ma chair est une vraie nourriture et mon sang un vrai breuvage. » Est-ce que Jésus recule? Essaye-t-il de diminuer l’impact de ce qu’il vient de dire? Non! Il en rajoute! Il dit en vérité, en vérité, vous avez à manger la chair du Fils de l’homme et boire son sang pour avoir la vie éternelle. Et il continue : « C’est le Pain qui descend du ciel, non pas comme celui qu’ont mangé vos pères et sont morts. Celui qui mange ce Pain vivra toujours. »
Remarquons ce que Jésus fait. Il commence et finit son discours en parlant de la manne. Les pères, ce qui veut dire la génération du désert, qui ont mangé la manne dans le désert. Maintenant, comment les disciples réagissent-ils? Il est écrit : « Plusieurs de ses disciples, quand ils l’ont entendu, ont dit » Cette parole est dure, qui peut la supporter? » C’est une parole dure, qui peut la supporter? Il ne pouvait simplement pas écouter cette parole, c’était tellement offensant pour leurs oreilles de juifs! Mais Jésus, sachant en Lui-même que ses disciples murmuraient à cause de ses paroles leur dit : « Cela vous offense-t-il? Et si vous étiez pour voir le Fils de l’homme remonter là où il était avant? » Faisons un pause. Retournons à notre question du début. Pourquoi les Juifs du premier siècle, les Apôtres, la très-sainte-vierge-Marie, saint-Paul, comment en sont-ils venus à croire en la présence réelle de Jésus dans l’Eucharistie? C’est très simple! À travers le don du Saint-Esprit, et par la foi, ils en sont venus à reconnaître que l’Eucharistie n’est pas seulement la nouvelle Pâque, mais aussi la nouvelle manne descendue du ciel. Et si tel est le cas, la présence réelle suit. Alors, si l’Eucharistie est la nouvelle manne venue du ciel, cela veut dire que ça doit être du pain super-substantiel, super-essentiel venu du ciel. Ça ne peut être rien de moins que cela. Pensez-y un instant. Très important. Si l’Eucharistie était juste un symbole, ça voudrait dire que l’ancienne manne est plus grande que la nouvelle!
Pensez-y. Si l’ancienne manne est du pain miraculeux descendu du ciel, est-ce que la nouvelle manne ne peut être qu’un symbole? Non! Ça rendrait l’ancienne manne plus grande que la nouvelle. Si l’ancienne manne est du pain miraculeux descendu du ciel, alors, au minimum, la nouvelle manne doit être du pain miraculeux descendu du ciel! Ce n’est pas du pain ordinaire! Si vous voulez célébrer l’Eucharistie, vous ne pouvez aller simplement au dépanneur et acheter une miche de pain et du jus de raisin. C’est un pain extraordinaire! C’est céleste, ça vient du ciel! C’est surnaturel! Alors, ils auraient compris que l’Eucharistie doit être miraculeuse, c’est la nouvelle manne.
Deuxième point : un peu plus profond et critique. Si l’Eucharistie est la nouvelle manne descendue du ciel, alors les chrétiens juifs du premier siècle auraient reconnu que l’Eucharistie n’est pas seulement le Corps crucifié du Christ en tant qu’Agneau. C’est le Corps crucifié et ressuscité de Jésus! C’est son Corps ressuscité et son Sang qui descend du ciel. C’est pourquoi Jésus leur dit, il leur donne la solution : regardez la dernière ligne quand ils sont offensés de son enseignement sur sa présence réelle, que dit-il? « Cela vous offense-t-il? Et si vous étiez pour voir le Fils de l’homme remonter où il était avant! » Au ciel! En d’autres mots, ce qu’il fait, il leur donne la clé pour comprendre le mystère de sa Présence réelle. Vous devez regarder à mon Corps ressuscité et glorifié pour comprendre ce mystère. Il ne parle pas de la cannibaliser! Ok. Tu prends un orteil, tu prends un bras, toi une jambe … Il ne parle pas de cannibaliser son corps! Il parle de leur donner son corps surnaturel et ressuscité, son Corps crucifié et ressuscité, sous la forme du pain et du vin. Et vous savez quoi? Avec son Corps ressuscité, il peut faire ça! Parce que, si vous vous souvenez, après sa Résurrection, comme sur la route d’Emmaüs, il peut apparaître où il veut, quand il le veut, son Corps n’est plus limité par le temps et l’espace, il peut se cacher, comme il le fait avec les disciples sur le chemin d’Emmaüs, où comme il le fait avec Marie-Madeleine dans le jardin. Parce que son Corps est le même Corps mais c’est un nouveau Corps, il est glorifié.
Et cela m’a vraiment aidé à comprendre le mystère de la Présence réelle. Quand j’étais enfant et que j’apprenais ce qu’était l’Eucharistie, je n’ai jamais douté que l’Eucharistie était le Corps et le Sang de Jésus. J’avais reçu cet enseignement, et je l’avais accepté par la foi. Mais je ne comprenais pas, vous savez… Ok. La Messe rend le Calvaire présent, je comprenais cela, mais c’est arrivé il y a deux mille ans passés, après tout! Comment la Croix du Calvaire et la dernière Cène, comment se rendaient-ils jusqu’à moi, aujourd’hui? C’est parce que ce n’est pas seulement la Croix, mais la Croix et Pâque! C’est le Calvaire et la Résurrection! C’est le Corps crucifié et ressuscité. Et le Christ, dans son Ascension, prends son Corps glorifié et monte au ciel à la droite du Père et de là, il le déverse ou l’envoie sur tous les autels et dans tous les tabernacles du monde, comme la manne. C’est ce qui remplit le vide entre ce temps-là et notre temps. Ok. Tournez la page. J’espère que vous commencez à voir que c’est précisément la foi juive des Apôtres qui a posé les fondations pour la foi Catholique des chrétiens.
LE PAIN DE LA PRÉSENCE
Regardons la troisième image-clé de l’Ancien-Testament et des traditions des Juifs, le mystérieux Pain de la Présence. Le Pain de la Présence. Comme je l’ai mentionné plus tôt, lors de l’Exode d’Égypte, le culte rendu à Dieu se faisait à partir d’un sanctuaire appelé le Tabernacle. Et plusieurs Catholiques sont familiers avec le Tabernacle, un temple portatif, une tente à piquets. Mais plusieurs chrétiens ne sont pas familiers du tout avec ce qu’il y avait à l’intérieur du Tabernacle de Moïse. Et une des choses les plus importantes qu’il y avait dans le Tabernacle de Moïse, c’était le Pain de la Présence. Une des raisons pour laquelle plusieurs ne sont pas familiers avec ça est à cause que Pain de la Présence est souvent mal traduit, surtout dans les anciennes traductions, où il est appelé Show Bread, pain de proposition. C’est une mauvaise traduction de l’Allemand Shaw Broath de l’hébreu original. Mais en hébreu, la traduction littérale est Pain de la Présence. Et les traductions catholiques et protestantes sont d’accord là-dessus. En hébreu, LEHEM HA PANIM veut dire le Pain de la Présence. Et ce Pain de la Présence est décrit dans le livre de l’Exode au chapitre 25, si vous voulez voir ça et l’étudier d’un peu plus près.
Fondamentalement, ce qui arrive, c’est qu’immédiatement après avoir donné aux Israélites les Dix Commandements, au chapitre 20, la première chose que Dieu commence à leur dire de faire, la première chose qu’il veut les voir faire, après avoir reçu les Commandements, c’est d’apprendre comment le servir, comment lui rendre un culte. Il veut leur dire la façon de lui rendre un culte. Alors il commence à donner des instructions à Moïse pour la construction du Tabernacle. Et c’est très élaboré, il y a une foule de détails. Si vous avez déjà lu cette partie du livre de l’Exode, c’est probablement là que vous êtes tombés endormis. Ok? C’est comme lire le manuel d’assemblage d’une bicyclette… C’est une description trés détaillée, mais tout est centré sur la LITURGIE, le CULTE. Et dans le chapitre 25, Dieu commande à Moïse de mettre trois symboles-clé de sa présence dans le Tabernacle. Numéro un : L’arche de l’Alliance. La plupart d’entre nous connaissons l’arche de l’Alliance. Si vous avez vu le film les aventuriers de l’Arche perdue, vous connaissez l’arche de l’Alliance. C’était une grande boîte couverte de l’or le plus pur, avec deux grands poignées ou barres pour tenir la boîte, et sur le couvercle, il y a avait deux statues de chérubins en or, en d’autres mots, deux anges. Notez bien cela, Catholiques, deux statues d’anges en or, dans l’Ancien-Testament, dans la Bible, livre de l’Exode au chapitre 25! C’est très important pour nous de reconnaître ceci. Car, souvent on nous dit, pourquoi vous les Catholiques avez autant de statues dans vos églises, vous savez! La Bible dit dans Exode chapitre 20 : « Tu ne te feras point d’image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre. » Vous avez déjà entendu cela auparavant? Ok. Oui, la Bible dit cela mais cela parle de statues des idoles! Ce n’est pas une défense absolue! Parce que dans Exode chapitre 25, Dieu lui-même commande à Moïse de sculpter deux statues d’anges en or. Alors, à moins que Dieu soit confus, et ce n’est vraiment pas son habitude, il n’a pas de problèmes avec les statues. Il n’est pas anti-statues et n’est pas anti-or non plus. Il aime l’or et les statues dans ses sanctuaires. C’était un petit à-côté que je voulais vous donner.
Ok. C’est l’arche de l’Alliance. La deuxième chose décrite dans Exode chapitre 25, c’est le chandelier d’or, que vous connaissez probablement déjà et que les Juifs appellent le Ménorah. Avec sept langues de feu, c’était un chandelier avec sept branches et sept langues de feu. Et puis, finalement, souvent oubliée mais quand même très importante, c’est la Table d’or sur laquelle on placerait le Pain de la Présence. Trois symboles. L’Arche. Le Ménorah. Le Pain de la Présence. Est-ce que ça vous frappe un peu, trois symboles, dans le Tabernacle de Moïse? L’Arche d’Alliance du Dieu invisible, le Père, le Ménora avec ses langues de feu et la Table d’or avec le Pain de la Présence. Trois symboles. À quoi cela vous fait-il penser? La Trinité! L’arche du Dieu invisible, le Père. La Table d’or avec le Pain de la Présence, le Fils, et le Ménorah avec sept langues de feu, le Saint-Esprit. Regardez-moi ça! La Trinité! Le mystère de la Trinité caché dans le Tabernacle de Moïse, attendant d’être révélé par le Christ. Notre foi Catholique est tellement riche, mon ami! Tellement puissante! Et tout est là, dans les Écritures sacrées, attendant d’être dévoilé.
Ok. Retournons au Pain de la Présence. Le Pain de la Présence est décrit en détail dans un autre livre, le livre du Lévitique, chapitre 24. Ok. Je sais que le Lévitique n’est pas notre livre préféré mais au chapitre 24, on a une description détaillée du Pain de la Présence. C’est très significatif. Numéro un : il y avait un certain nombre de pains. Le Pain de la Présence, c’était douze pains sans levain, représentant les douze tribus d’Israël. Le Pain de la Présence était offert à chaque Sabbat, donc chaque samedi, par les prêtres comme une offrande au nom du peuple d’Israël. Ainsi, ce n’était pas seulement du pain mais c’était un sacrifice. C’était le sacrifice du sabbat. Numéro trois. Ce sacrifice était appelé une offrande perpétuelle. Il fallait qu’il soit continuellement devant le Seigneur en tant qu’une alliance éternelle. Une alliance pour toujours! Est-ce que ça vous semble familier? Autrement dit, en aucun temps, le Pain de la Présence ne devait être absent du Tabernacle de Moïse. Numéro quatre : très intéressant. Le livre du Lévitique nous dit que le chandelier ou le Ménorah devait être constamment en train de brûler dans le Tabernacle avec le Pain de la Présence. N’est-ce pas familier? Dans l’Église Catholique, nous avons la Lampe du sanctuaire, qui n’est pas allumée ici ce soir parce que le vrai Pain de la Présence n’est pas présent dans le Tabernacle. Mais dès que l’Eucharistie est présente dans le Tabernacle, qu’est-ce qu’on allume? La lampe du sanctuaire. Pourquoi faisons-nous cela? À cause des Juifs! À cause de la Bible! Cela vient des Écritures! Toutes les choses dans le Catholicisme qui sont bizarres ou étranges, ou énigmatiques, presque sans aucun doute, si vous y regardez de plus près, ça vient du judaïsme. Ça vient de l’Ancien-Testament. C’est mystérieux. C’est pourquoi notre monde moderne ne comprend pas l’Église.
Ok. Dès l’instant où on transportait le Pain de la Présence hors du Tabernacle, vous savez ce qu’ils faisaient? Ils le voilaient! Il le couvraient d’un voile. Ils voilaient les choses qui étaient saintes, sacrées. Finalement, deux dernières choses : numéro un : ce n’était pas seulement un sacrifice de pain mais un sacrifice de pain et de vin. Vous pouvez voir cela dans le livre de l’Exode qu’avec le Pain de la Présence, il y avait des bols et des flacons pour les offrandes de boisson. Quel boisson offririez-vous? Du vin! En fait, il s’agit donc du Pain et du Vin de la Présence. Et finalement, du plus intéressant de tout, le mot hébreu pour présence peut être traduit de deux façons, il a une double signification. Cela peut vouloir dire le Pain de la Présence mais cela peut vouloir aussi dire le Pain de la Face. Parce que le mot Panim en hébreu peut vouloir dire Présence ou Face. Alors nous avons le Pain de la Présence ou de la Face. Mais la face de qui? Il y en a qui disent Jésus mais Jésus n’était pas encore là, nous sommes encore dans l’Ancien-Testament, Jésus n’est pas là encore. La face de qui? La face de Dieu! C’est ce que les rabbins disent, le Pain de la Face du Dieu tout-puissant. Alors le Pain est vu comme un signe visible de la Face de Dieu. C’est le mystérieux Pain de la Présence.
VOICI L’AMOUR DE DIEU POUR VOUS
Chose intéressante, il y a une tradition qui est apparue au fil des siècles. Ce n’est pas mentionné dans l’Ancien-Testament mais dans les écrits des anciens rabbins. Au temps de Jésus, chaque fois que les Juifs descendaient au Temple – vous vous rappelez comment Joseph et Marie emmènent Jésus au Temple pour célébrer la Pâque, ils descendaient pour la Fête – quand ils allaient à Jérusalem, il y avait un coutume. Tous les gens qui allaient au Temple se rassemblaient pour un évènement très spécial. Parce qu’à l’heure de la Pâque, les prêtres étaient pour faire quelque chose d’inédit, de très spécial. Ils prendraient un des meubles sacrés à l’intérieur du Temple, le sortiraient du lieu Saint, là où seul les prêtres peuvent entrer, et ils le montreraient au peuple. Et vous savez lequel ils sortaient? Ce n’était pas l’Arche, ce n’était pas le Ménorah, le chandelier à sept branches, c’était le Pain de la Présence. Selon les rabbins, dans le Talmud, le Pain de la Présence, la Table d’or, serait sortie du lieu saint par les prêtres et apportée au peuple. Et ils élèveraient la Table d’or, le Pain de la Présence, dans les airs de sorte que tous puissent le voir, et vous savez ce que les prêtres diraient au peuple? Ils diraient ces mots : Voici l’amour de Dieu pour vous! Voici l’amour de Dieu pour vous! C’est juste ici dans le Talmud. Le Talmud juif (une ancienne collection de traditions rabbiniques) dit ceci : C’est un peu la version juive des Pères de l’Église. Le Talmud dit ceci : Ils avaient l’habitude d’élever la Table d’or et d’exposer le Pain de la Présence à la vue de tous ceux qui étaient venus célébrer la Pâque, en leur disant : Voici l’amour de Dieu pour vous! Talmud de Babylone, Menatoh 29a.
Maintenant, mes frères et sœurs, quand, la dernière fois, avez-vous vu le Pain de la Présence élevé? Quand vous êtes venus au vrai temple, du véritable Agneau, de la vraie manne, à la Messe. Chaque fois que le prêtre prend le véritable Pain de la Présence, le consacre et l’élève, à l’élévation, il accomplit ce qui était pré-figuré au temps du Christ! Il élève le Pain de la Présence, de sorte que nous puissions tous voir l’amour de Dieu pour nous, dans la chair! Dans la Parole faite chair!
Le temps passe, continuons! Le Pain de la Présence : Jésus en a-t-il déjà parlé? Jésus a-t-il déjà mentionné le Pain de la Présence? À une occasion dans l’Évangile, il le fait! C’est dans Matthieu, chapitre 12, verset 1 à 8. Vous avez sûrement déjà entendu cette histoire avant. Mais regardons ça de plus près pour bien en comprendre la signification. Nous savons tous ce qui se produit. « En ce temps-là, Jésus passa dans un champ de blé le jour du Sabbat. Ses disciples avaient faim et ils commencèrent à cueillir des grains de blé et à manger. » Un petit à côté. Je ne sais pas si vous l’avez déjà remarqué, mais les Apôtres n’emmènent jamais aucune nourriture avec eux! Ils n’ont jamais rien à manger! Et en plus, ils ne prennent jamais de poisson! Ce sont de terribles pêcheurs! Alors vous avez besoin du Christ pour en prendre soin! Ils n’emmènent jamais de nourriture, c’est le jour du Sabbat, c’est parce que … ce sont des gars, ils ne s’arrêtent pas à ce genre de détails! Ok. Ainsi, ils n’emmènent jamais rien à manger, alors ils ramassent des grains de blé dans le champ, le jour du Sabbat. Mais c’était contraire aux coutumes des Pharisiens. Ainsi, quand les Pharisiens les ont vu faire, ils ont dit : Regarde! Tes disciples font ce qui n’est pas permis le jour du Sabbat! Et Jésus leur dit : « N’avez-vous pas lu ce que fit David quand il eut faim, lui et ses hommes, comment il entré dans la maison de Dieu et qu’il a mangé le Pain de la Présence, qu’il n’avait pas le droit de manger, ni pour ses hommes, mais seulement pour les prêtres? Ou bien, n’avez-vous pas lu dans la Loi comment, le jour du Sabbat, les prêtres dans le Temple profanent le Sabbat mais ne sont pas coupables? » De quoi parle-t-il ici?
Qu’est-ce que les prêtres faisaient le jour du Sabbat, comment travaillaient-ils dans le Temple le jour du Sabbat? En préparant et en offrant le Pain de la Présence! C’était le sacrifice du Sabbat! C’est ce qu’ils devaient faire. Alors que tout le monde se reposait, même de faire à manger, les prêtres dans le Temple préparaient le Pain de la Présence pour pouvoir l’offrir le jour du Sabbat. Alors Jésus dit : Les prêtres profanent le Sabbat mais ils ne sont par coupables! Et Jésus termine avec ces mots : « Je vous le dis : Il y a ici quelque chose de plus grand que le Temple. » Wow! Il y a quelque chose de plus grand que le Temple ici? D’un point de vue juif, c’était toute une bombe que Jésus venait de lancer! En pleine figure! Qu’était le Temple pour les Juifs? C’était le lieu où Dieu habitait! Qu’est-ce qui sur terre, pouvait être plus grand que le Temple? Seulement Dieu lui-même dans un tabernacle de chair! Jésus leur a tout simplement dit : Je suis le divin Fils de Dieu, mais Il l’a fait à la manière juive! Il l’a fait avec des mots juifs!
Maintenant, retournons à notre question du début : on résume tout ce qu’on a vu ce soir. Pourquoi les premiers chrétiens croyaient-ils en la Présence réelle de Jésus dans l’Eucharistie? C’est très simple! C’est parce qu’ils ne savaient pas seulement que c’était la nouvelle Pâque, ils ne savaient pas seulement que c’était la nouvelle Manne, ils savaient que c’était le nouveau Pain de la Présence. Alors, plusieurs choses en découlent. Numéro un : Si l’Eucharistie est le nouveau Pain de la Présence, alors ce ne sera pas qu’une présence de Dieu dans un nuage, comme dans l’Ancien-Testament, mais bien sa Présence réelle! Vous n’avez jamais pensé à ça : Où Jésus a-t-il pris l’idée que le Pain et le Vin pourraient être des signes de la présence d’une personne? Nous ne pensons jamais à du pain et du vin comme étant le signe de la présence d’une personne! Il a pris cette idée du Pain de la Présence juif. Alors, c’est le Pain de la Présence, mais le Pain de la Présence réelle du Christ dans l’Eucharistie.
Deuxièmement : Notez bien que Jésus a revendiqué la prêtrise pour Lui et ceux qui étaient avec Lui tout comme le roi David l’avait fait, à la prêtrise! Ok? Qu’est-ce que les disciples cueillaient dans le champ le jour du Sabbat? Ils ramassaient du blé! Qu’est-ce que vous faites avec du blé? Vous faites du pain! Vous faites du pain! Alors qu’est-ce que Jésus dit véritablement? Il dit : Je suis le vrai Temple, mes disciples sont les vrais prêtres, et comme les prêtres dans le Temple peuvent travailler le jour du Sabbat, mes disciples peuvent aussi travailler le jour du Sabbat. Alors, que feront-ils lors d’un nouveau Sabbat? Ils vont offrir le nouveau Pain de la Présence dans le nouveau Temple qui est le Corps du Christ! C’est pourquoi les chrétiens du premier siècle savaient que l’Eucharistie était son vrai Corps!
Et nous nous souvenons aussi dans Jean chapitre 2 : Vous vous rappelez quand Jésus entre dans le Temple, et il dit : Détruisez ce temple et en trois jours, je le relèverai. Et ils disaient : Quoi? Ça a pris 46 ans pour bâtir ce temple et toi tu le rebâtirais en trois jours? Et qu’est-ce que Jean écrit : Mais ils ne savaient pas qu’Il leur parlait du Temple de son Corps. Parce que c’est dans l’Eucharistie que Dieu est avec nous, qu’il est vraiment présent.
Ok. En conclusion. On résume le tout. Qu’est-ce que nous avons appris? Qu’est-ce que nous avons vu? Eh bien, j’espère que vous avez bien vu que, même si parfois on est portés à opposer Judaïsme et Catholicisme, bien au contraire, c’est précisément la foi juive des premiers Chrétiens qui leur a permis d’en venir à la foi en la Présence réelle de Jésus dans l’Eucharistie. Que c’est réellement son Corps, son Âme, Son Sang et sa Divinité. Alors, ce que nous, Catholiques, recevons à chacune des Messes, c’est la chair de l’Agneau de la nouvelle Pâque. En d’autres mots, nous sommes comme on pourrait dire transportés en arrière dans le temps jusqu’à l’époque du Christ, jusqu’à sa Passion, là où l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde m’a aimé et s’est livré pour moi, et toi, et toi, et toi … et chacun de nous ici présents. C’est ce qu’est la Messe. Tout comme les Juifs pouvaient dire : C’est à cause de ce que Dieu a fait pour moi quand il m’a fait sortir d’Égypte, nous, les Catholiques, pouvons dire que dans l’Eucharistie, Dieu m’a aimé et s’est donné à moi pour la rémission de mes péchés! De sorte que je puisse être sauvé, non pas seulement de la mort physique, mais de la mort spirituelle, de la mort éternelle, de la séparation éternelle d’avec Dieu!
Deuxièmement : Nous avons appris que dans l’Eucharistie, la Messe ne nous emmène pas seulement en arrière vers le Calvaire mais aussi en avant, vers la résurrection! Pas seulement la Résurrection de Jésus, mais vers notre résurrection à la fin des temps. C’est très important pour nous, Catholiques, de comprendre ceci : nous, les Catholiques, ne croyons pas seulement à l’immortalité de l’âme, il y a des milliers de religions qui croient en l’immortalité de l’âme! Nous croyons en l’immortalité de l’âme et à la résurrection des corps! C’est pourquoi le Christ ne nous donne pas seulement son Âme mais bien aussi son Corps dans l’Eucharistie. Quand vous allez à la Messe, à la Communion, qu’est-ce que le prêtre dit? Le Corps du Christ! Alors, si l’Eucharistie est la nouvelle Manne, qu’est-ce que cela veut dire? C’est un gage et un avant-goût de la nouvelle Terre Promise du Ciel, et de la résurrection des morts à la fin des temps. C’est pourquoi Jésus dit dans Jean 6 : « Celui qui mange ma Chair et boit mon Sang a la vie éternelle et je vais le ressusciter au dernier jour. » Parce que vous n’avez pas le pouvoir de ressusciter vos corps d’entre les morts. Essayez-le une bonne fois!
Et finalement, l’Eucharistie est le nouveau Pain de la Présence, parce que le Christ ne nous a pas seulement aimé en son temps, il ne va pas seulement nous ressusciter au dernier jour, il est ici maintenant, il est Dieu avec nous. Il est présent à nous. Et il vient à nous dans l’Eucharistie en tant que le nouveau Pain de la Présence, se cachant sous les apparences du Pain et du Vin, de sorte qu’il puisse être tout partout à la fois. Pensez-y bien. Dans son corps humain, il était obligé d’être à Capharnaüm, ou en Galilée, ou à Jérusalem, mais maintenant il peut être présent dans chaque église, chaque pays à travers le monde. Il peut même être ici à Punchatuna, Louisiana! C’est le Pain de la Présence. Il est avec nous. Et nous sommes encore dans le désert! C’est un bon point : Si le Pain de la Présence est encore dans le Tabernacle, nous sommes la génération du désert. Nous n’avons pas encore atteinte la Terre Promise. Nous sommes en cheminement. Et il nous dit tous les jours: Je suis avec vous, ayez confiance en moi, je vais vous conduire à la maison. Car un bon jour, quand nous atteindrons cette nouvelle Terre Promise, et que la nouvelle Exode sera complétée, et que même la nouvelle Manne cessera, un jour, quand nous atteindrons cette nouvelle Terre Promise, il ne sera plus caché à nos yeux, sous les apparences du Pain et du Vin, et nous ne le verrons plus, comme Saint-Paul le dit, comme à travers un miroir, mais en ce jour, nous le verrons tel qu’il est, face à face.
Remercions-le. Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Seigneur Jésus-Christ, nous vous remercions pour l’offrande de Vous-même, Corps, Sang, Âme et Divinité dans la très sainte Eucharistie. Nous vous remercions d’être pour nous l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. De nous avoir donné la nouvelle Manne venue du Ciel pour nous soutenir durant notre cheminement et de ne pas nous avoir laissés orphelins, ne pas nous avoir abandonnés, mais d’être avec nous dans le nouveau Pain de la Présence et nous Vous demandons de fortifier notre foi en l’Eucharistie. Retirez le voile et accordez-nous de vous voir avec les yeux de la foi et emplissez nos cœurs d’espoir pour la résurrection et d’être remplis de la divine Charité que Vous nous avez démontrée, quand Vous être mort pour nous sur la Croix. Gloire soit au Père, au Fils et au Saint-Esprit. Comme il était au commencement, comme il est maintenant, et sera pour les siècles des siècles. Amen. Merci beaucoup.
Dr Brant Pitre